IiPar la Rédaction
Tribune de professeur Baptiste KABISA
13 décembre 2021.
Discours sur l’état de la Nation. Le président de la République se défoule sur le gouvernement qui ne traduit pas par des actes sa vision. 24 et 25 décembre. En tournée au Kasaï, Félix Tshisekedi charge les régimes précédents d’avoir ruiné les Kasaï. Ainsi, leur dit-il, » je viens essuyer vos larmes ».
Ce qu’il ne dit pas – et que l’histoire de l’Udps va devoir lui rappeler – c’est qu’à partir de l’enclenchement du processus démocratique le 24 avril 1990, le leadership kasaïen de ce parti – feu Étienne Tshisekedi de surcroît son père biologique – a été à la base de la démobilisation de la population locale par rapport à l’effort national de développement.
*L’épisode le plus tragique est celui de la » guerre monétaire » dans laquelle ce leadership avait embarqué en son temps des diamantaires kasaïens.*
Pour entretenir l’inflation de façon à dévaloriser constamment la devise nationale, ces opérateurs rachetaient toutes les coupures nouvellement émises par la Banque Centrale du Zaïre (BCZ), obligeant celle-ci à recourir à la planche à billets.
*Ce que les diamentaires faisaient de ce commerce de billets sera révélé en 1998 lors du lancement, sous Laurent-Désiré Kabila, du franc congolais. On vit des briques (en zaïre monnaie sous emballage* *cellophane) rongées par l’humidité pour avoir été mises dans des tonneaux… enterrés.*
Faisant bon coeur contre mauvaise fortune, Mzee avait accepté de les échanger contre le Franc congolais moyennant un forfait, car les billets récupérés étaient inutilisables.
*Le boycott avait cependant pris de l’ampleur en 1993-1994 au lancement du nouveau zaïre (NZ) sous la primature Faustin Birindwa.*
*Ce spécialiste en économie, auteur du plan de réforme monétaire concocté pour l’Udps, avait été puni de sa » traîtrise » du fait d’avoir* *abandonné Étienne Tshisekedi (Premier ministre élu à la Cns) et rejoint les Fpc (Forces politiques du conclave) pro-Mobutu.*
Le leadership kasaïen de l’Udps avait encouragé les diamantaires dans la pratique décriée appelée alors thésaurisation. *On assista à la naissance des zones monétaires parallèles, l’espace kasaïen s’étant détaché du reste du pays.*
*Ce serait un terrible aveu d’irresponsabilité dans le chef de l’Udps qu’on n’ait pas un seul instant cru que cette » guerre monétaire » contre la dictature serait sans* *conséquence néfaste sur l’économie et le social pour la population kasaïenne.*
Aujourd’hui, lorsqu’on voit comment les Kivutiens, les Ituriens et les Lualabais développent leurs provinces respectives avec les richesses du sous-sol (or, coltan, cassitérite, cuivre, cobalt), *les Kasaïens doivent se mordre les doigts rien qu’au souvenir du gaspillage, que dis-je, du suicide collectif auquel ils s’étaient livrés en mettant leur diamant au service d’une cause politique stérile.*
Il est évident que s’ils avaient investi dans l’immobilier, et encore dans les Kasaï, tous les milliards de dollars tirés de l’exploitation artisanale du diamant *entre 1990 (année du démarrage de la transition) et 2006 (année du premier scrutin pluraliste), des villes comme Mbuji-Mayi et Kananga se seraient épargnées de la paupérisation.*
Il n’y a pas que le diamant.
Dans la fameuse lutte contre la dictature mobutienne et kabilienne, *les Kasaïens ont obtenu des Européens et des Américains des centaines de millions d’euros et de dollars.*
*Paradoxalement, les bénéficiaires (en majorité des acteurs de la Société civile, particulièrement ceux des ONG) ont préféré investir ailleurs que dans les Kasaï.* Ils se sont offerts des villas et des affaires à Kinshasa, au Katanga et au Kongo Central, en Afrique du Sud, en Namibie, en Zambie, au Botswana, en Europe, aux États-Unis et au Canada.
*Personne n’a implanté dans les Kasaï une seule école ou un seul dispensaire, pire un seul forage ou un seul panneau solaire.*
*Entendre aujourd’hui Félix Tshisekedi – l’un des bénéficiaires des financements politiques occidentaux – dire aux Kasaïens qu’ils ont été appauvris du fait de la méchanceté des régimes précédents, donc ceux de* *Kasa-Vubu, de Mobutu Sese Seko ainsi que des Kabila, revient à indexer les Bakongo, les Bangala et les Swahili et à inciter les Baluba à se méfier d’eux !*
*Là, c’est un discours identitaire qu’aucun Kasaïen nationaliste et patriote ne peut justifier, encore moins tolérer.*
*Pour l’histoire, c’est avec ce discours-là qu’Etienne Tshisekedi avait rejoint le Mnc-K d’Albert Kalonji Ditunga, organisateur de la sécession du Sud-Kasaï en août 1960, moins d’un mois après la sécession katangaise en juillet de la même année.*
Quand un leader se voulant national commence *à se replier sur les siens (comme Mobutu des années 1960 à 1990 et de 1990 à 1997), c’est l’indice qu’il n’a plus d’espoir pour la suite de son mandat…*
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