Par Léon Idole HOPAY
Hommage à un Collègue suivi d’une Réponse d’un Lecteur au MDW de 16 Juillet 2022.
Hommage à un Collègue !
Il est resté professeur associé pendant près de 10 ans. Mais, il a pris cela avec beaucoup de hauteur. Il est resté zen, silencieux, sans incriminer personne. J’ai connu en lui, un homme d’un optimisme extraordinaire. Il incarne tout ce qui manque à notre république et à notre corporation.
Mon ami, mon aîné et collègue avait mainte fois rempli les conditions pour obtenir le grade de professeur et plusieurs fois son dossier avait simplement disparu, soit à partir de l’université, du CAU ou du ministère de l’ESU. Le collègue a continué son travail sans en vouloir a quelqu’un d’autre.
A cause de sa patience, son abnégation et son savoir-être, il venait d’être promu , Professeur, avec effet rétroactif à partir de 2018. Il lui suffit à présent de déposer son dossier en Septembre pour devenir, Professeur ordinaire. Mes vives félicitations à notre chère collègue.
Je ne crois pas au sérieux des grades dans le système universitaire congolais. Il ne représente pas grand-chose du point de vue de la reproduction scientifique. Sinon, le pays ne serait pas à la dérive faute de repères théoriques sur lesquels les hommes d’action pourraient structurer leur politique. Le produit universitaire, qui est dévalué sur le marché local et international, est en rupture totale avec la vie quotidienne.
Évidemment, il y a beaucoup d’exceptions qu’il faut exclure de ce tableau. A l’UPN, je croise chaque jour des éminents chercheurs et professeurs rompues à leur science. Nous nous battons tous pour avoir un impact sur la vie du pays. La plus grande tristesse pour un enseignant, a l’UPN ou ailleurs, c’est d’aimer son métier et de ne plus vouloir le refaire s’il était à refaire. Si vous demandez aux professeurs s’ils aiment leur métier, tous répondront affirmativement. Mais, si vous poursuivez l’interrogation en leur demandant s’ils referont la même chose, ils répondront négativement. Il n’y a pas douleur anthropologique plus grande que celle-là.
Néanmoins, je célèbre la résilience et surtout le savoir-être de mon collègue, aîné, ami, et collaborateur.
Réaction au MDW du 16 Juillet 2022
La semaine dernière, le MDW préconisait que l’on réduise de moitié les salaires les plus élevés pour que cet argent servent à former les jeunes congolais dans des universités technologiques les plus réputées du monde. Aujourd’hui, je voudrais soumettre à votre lecture une réaction à ce MDW de la semaine passée. Je conserve l’anonymat du commentateur parce que je ne lui avait pas demandé son autorisation de publier son commentaire.
« merci pour le partage de ce mot du week-end de Patience Kabamba. Je n’ai pas l’habitude de réagir sur tout ce qui s’échange via Internet, mais je fais exception à la règle, cette fois-ci, pour dire ce qui suit :
La priorité, pour moi, est le réarmement moral, civique voire spirituel (au-delà des religions) des Congolais, la création des solidarités autres que villageoise en commençant par les plus jeunes ;
Il faut retrouver, écrire un récit national avec ses héros & héroïnes qui incite au patriotisme, à l’exemplarité (nous avons besoin de modèles) – donc, il faut s’approprier son histoire, sans tricher -tout en restant ouvert sur le monde (tous seuls, on n’y arrivera pas vu la mondialisation, sachant que les États n’ont que des intérêts…) ;
A quoi cela servirait-il d’envoyer des étudiants se former dans les meilleures universités du monde s’ils n’ont pas de savoir-être ? Mayele ya kelasi/liteya est une chose, les savoir-être et la sagesse (bomoto, bokonde), primordiaux, en sont une autre ;
Pour relever ces défis, pourquoi ne pas utiliser le levier des jeunes générations de la diaspora congolaise (avec leur double, triple culture) pour qui la Rd Congo est un pays rêvé (parfois un peu trop) mais de tous les possibles ?
Avoir à l’esprit que parmi ceux qui sont au pays, certains sont restés intègres, fidèles à leurs idéaux (même si cela ne leur rapporte guère) et qui ne demandent qu’à servir ;
Il faut être bien informé, avoir une lecture critique des médias, des réseaux sociaux. Je profite de cette occasion pour remercier Vx Edo (en Cc) pour son effort constat de partager l’info.
Un témoignage personnel pour terminer : étant jeune, très jeune à Kinshasa, j’ai eu la chance de fréquenter les structures d’éducation populaire (cercles culturels de collégiens/lycéens/étudiants, équipe de cadres/encadrement des jeunes, scoutisme, etc.) ; cela ne m’a pas quitté et je ne suis pas le seul.
Plus d'infos
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