Par Léon Idole HOPAY
Les Minerais ou le Bonheur :
L’industrie extractive dans une perspective historique de l’émancipation humaine au Congo.
Basé sur Réforme sociale ou Révolution de Rosa Luxemburg (1899), ce MDW s’efforce d’apporter au débat sur l’extraction, l’essence de la vie contre l’omniprésence du marché. Comme l’agriculture (culture de la terre), les minerais sont censés contribuer à la « jouissance » de l’homme dans ses efforts pour reconstruire son « gemeinwesen » ou la communauté de l’être. Les industries extractives mondiales ou nationales ne sont pas une réalité autonome. Elles doivent être attachées à l’émancipation humaine. L’Afrique n’a pas besoin d’imiter les tendances extractives occidentales ou asiatiques. L’Afrique doit se demander si ses minerais font partie de ce qui façonne son champ historique de vivre ensemble en tant que membres de la communauté prenant soin les uns des autres, en veillant à ce que les aînés, les femmes et les enfants soient protégés. Le MDW conclut que l’avenir de l’Afrique réside dans l’utilisation de ses minerais pour se libérer de la servitude volontaire du marché.
Ce MDW va adopter une approche communiste. Je peux voir les yeux rouler après avoir lu ce mot, en particulier au sujet de l’extraction en Afrique. Réglons d’abord la dispute sur le mot « communisme » qui est chargé d’une immense et horrible imagination historique.
Comme abolition positive de l’appropriation privée et par conséquent comme véritable appropriation de l’essence humaine par l’humain et pour l’humain, « le communisme est la vraie solution de l’antagonisme entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’homme, la vraie solution de la lutte entre l’existence et essence, entre objectivation et affirmation de soi, entre liberté et nécessité, entre individu et genre. C’est l’énigme résolue de l’histoire, et elle se sait comme une solution. (Marx, Manuscrit de 1844).
Le communisme est différent du socialisme qui est une doctrine qui consiste à réparer les inégalités dans la société. Le communisme n’est pas une doctrine ; c’est notre ontologie fondamentale en tant qu’être-avec-autrui dans une communauté d’êtres. Le communisme est notre biologie. Contrairement au petit d’un l’animal, le bébé humain est un être inachevé. Il dépend de la société pour devenir un être humain complet. La communauté n’est pas une externalité ; elle est ontologique à son être. Le communisme est notre naturalité, et le capitalisme est l’anti-naturalité. La relation sociale est le noyau. Sans relation les uns avec les autres, nous ne sommes pas viables. Le collectif n’est pas une construction d’aujourd’hui, mais un premier fondement de la communion initiale. L’homme est un sujet historique de la communauté. L’homme seul ne produit rien ; c’est la communauté qui produit. La singularité humaine est produite par le communisme. Dans Le Geste et la Parole , André Leroi-Gourhan (1964) nous dit que l’homme a un geste qui produit des mots et produira l’outil dans l’immanence communiste.
Il n’y a pas de contrat social qui décide du geste, de la parole et de l’outil. Le langage et la parole sont une immanence.
La révolution bolchevique de 1905 et sa version léniniste de 1917 n’ont rien à voir avec le communisme. C’était le capitalisme d’État. Les premières personnes tuées par les bolcheviks étaient ceux qui réclamaient une communauté sans État ni argent, les marins de Kroonstad. Dans un capitalisme libéral, les propriétaires des moyens de production sont des individus alors que dans le capitalisme d’État, les propriétaires des moyens de production sont l’État. Ainsi, il n’y avait pas un iota de communisme en Union soviétique, à Cuba ou en Chine. C’était le capitalisme d’État.
L’extraction minière fait partie des ressources naturelles pour l’émancipation humaine. Cela ne serait possible que si les minérais étaient utilisés pour produire et reproduire la communauté humaine et non pour l’échange et pour le marché qui est un parfait espace d’aliénation, un espace où l’humain est séparé de son produit. Dans le contexte actuel, les minerais sont extraits dans un rapport de production capitaliste. Le capitalisme est compris comme un rapport social caractérisé, d’une part, par la séparation entre l’ouvrier et ses moyens de production, une séparation entre l’ouvrier et le produit de sa production, et d’autre part par un but lucratif de la propriété . Les moyens de production et les forces de production sont utilisés pour produire du profit. Insérés dans ce type de rapport social de production, les minerais, comme les autres ressources naturelles, ont produit une aliénation et un rapport de domination au sein de la société. L’extraction minière, comme les autres productions de richesses, est soumise à un accord politique qui fixe à qui appartiennent les moyens de production. Le marché politique au Congo est permissif pour le pouvoir et répressif pour la société congolaise.
LE CONGO DANS LE MONDE
Avec des ressources minérales abondantes, le Congo a le potentiel d’être l’un des pays les plus riches de la planète. En 2009, African Business Magazine estimait la richesse minérale totale inexploitée de la RDC à 24 000 milliards de dollars, un chiffre équivalent au PIB de l’Europe et des États-Unis réunis.
Les immenses richesses du sol et du sous-sol comprennent les minérais, les terres arables, les rivières, climats, etc. Michaela Wong a poétiquement écrit :
La ceinture minérale qui s’étend de la savane sèche du Katanga à la Zambie voisine
contient du cuivre et du zinc dans des concentrations dont les nations rivales ne peuvent que rêver et suffisamment de cobalt pour accaparer le marché mondial. Près de 500 kilometres au nord-ouest se trouve un autre don de la nature : le banc de gravier rouge foncé qui trace le cours sinueux de la rivière Kanshi, deuxième plus grande source de diamants industriels au monde. Il y a d’autres dons : les diamants à Tshikapa au Sud-Ouest et à Kisangani au Nord, ce qui fut pendant un temps la principale source mondiale d’uranium à Shinkolobwe, et de l’autre côté de la frontière avec l’Ouganda vient le scintillement alléchant de l’or, du cadmium et de la cassitérite, manganèse et wolframite, béryl, columbo tantalite et germanium : des métaux aux noms mystérieux et évocateurs. Il n’est pas étonnant qu’un ambassadeur des États-Unis ait fait une fois référence mémorable au caviar du Congo dans un câble a Washington.
En dépit de cela, la RDC a aujourd’hui l’un des PIB par habitant les plus bas au monde. Selon un rapport de la Banque Mondiale de 2016, la RDC est le deuxième plus grand pays d’Afrique subsaharienne avec plus de personnes vivant dans l’extrême pauvreté après le Nigeria. 77% de la population de la RDC vit avec 1,90$ par jour ce qui en conséquence, est défini comme l’extrême pauvreté. Plus de personnes vivent dans cette situation au Congo qu’il n’y en a en Tanzanie, en Éthiopie et à Madagascar réunis et le Congo abrite 7,2 % de la population la plus pauvre du monde. Si cette tendance se poursuit, un Congolais sur deux (60 millions de personnes) vivra dans des conditions encore plus précaires en 2030.
50% des revenus des ménages vont à l’achat de nourriture. La RDC compte plus de 6 millions d’enfants malnutris, avec une prévalence de malnutrition chronique de 43%. Dans la province du Kwango, par exemple, selon l’enquête Démographie et Santé 2013-2014 (EDS 2013-2014), environ 45,6% des enfants, soit près d’une personne sur 2, souffrent de malnutrition chronique. Cela représente plus de 220.000 enfants de moins de 5 ans. Aussi, selon la même enquête, au Kwango, 31,1% des femmes âgées de 15 à 49 ans souffrent d’insuffisance pondérale. C’est le pourcentage le plus élevé en RDC. 25 % de l’ensemble des revenus annuels sont consacrés aux soins de santé afin de sauver les enfants de la malnutrition, d’aider les femmes souffrant d’insuffisance pondérale à prendre du poids cliniquement important.
Le reste des 25% va à la scolarisation des enfants. Maintenant que le président a décrété la gratuité de l’école, de nombreux enseignants ont beaucoup de mal à gérer les écoles. Cela conduira à une éducation très médiocre et fermera les portes du progrès à la majorité des enfants. En plus de cela. le Président de la République et son équipe, les membres du gouvernement, les sénateurs et les parlementaires (qui gagnent 21.000$ par mois comme salaire) se comportent envers la population comme les capitalistes se comportent envers les travailleurs. Toutes les recettes du Trésor Public qui devraient être redistribuées aux Congolais à travers des salaires décents, sont monopolisées par la classe politique. Le reste de la population gagne juste assez pour survivre. Les gens riches sont riches parce qu’ils volent aux travailleurs une partie de leur salaire. Les politiciens congolais sont riches parce qu’ils s’approprient les fonds publics destinés à la population, ils confisquent des salaires des médecins, infirmiers, enseignants, fonctionnaires, etc.
C’est la raison pour laquelle, malgré les ressources naturelles du pays, la pauvreté a interdit la croissance, les guerres prolongées et l’instabilité politique ont détruit les fondements économiques et sociaux du pays. Les causes profondes de l’instabilité politique au Congo sont à rechercher dans la faiblesse des institutions, la corruption des élites et des comportements prédateurs qui ont imprégné toute la société. Ce faible soutien institutionnel miné est le cercle vicieux apparent à l’œuvre car la capacité de l’État à mettre en place une bonne politique et le manque de ressources empêchent le renforcement de ces institutions et le développement des infrastructures économiques et sociales.
Rédaction :+243816440669, +243851211389
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