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30 novembre 2023

Quotinfo.net

Fait du jour

Le Mot du Weekend (3 Décembre 2022): L’Université Pédagogique Nationale, une propriété patrimoniale non-lucrative. (Conférence du professeur Patience Kabamba)

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Par Léon Idole HOPAY


L’Université Pédagogique Nationale est une propriété patrimoniale non-lucrative.

Le MDW est une conférence qu’a  animé le professeur Patience KABAMBA, hier Vendredi 2 Décembre à l’UPN . L’exposé était suivie d’un débat fructueux de prise de conscience. Le moderateur a lancé un thankfulness au professeur Henri Dinzenza Di Mananga pour son effort de reconstruire l’Université Pédagogie Nationale en y organisant les conférences.

Dès l’entrée ,le tribun a déployé son argument en trois temps.

1. La définition des termes
2. Le lucratif dans son acception capitaliste: fétichisme de la valeur
3. Les enjeux anthropologiques liés à l’UPN comme patrimoine non-lucratif

A. Définitions des Termes

Une propriété est un bien . Il peut être un patrimoine, ce que vos parents vous lèguent : un terrain, une maison, un véhicule, etc.
Comme biens reçus des parents, le patrimoine, peut-être lucratif lorsqu’il vous rapporte de l’argent. Une maison qu’on fait louer, par exemple, est un patrimoine lucratif. Le patrimoine est non-lucratif lorsqu’on ne peut pas s’en servir pour faire du profit.

B. Le profit (lucre) dans son acception capitaliste: Fétichisme de la valeur

Le profit est l’excédent de la valeur réalisée sur la valeur dépensée. Évidemment ici, le caractère de travail non-payé disparait en donnant l’illusion que le capital ne doit sa valorisation qu’a lui-même. En d’autres termes, la configuration du profit dissimule les moyens internes de sa production: l’exploitation.
Le profit absorbe les rapports de production.
Donnons quelques exemples: le profit marchand. Dans ce type de profit, les rapports sociaux sont absorbés. Les rapports sociaux qui font naitre le profit sont souvent brouillés et opacifiés.

Exemple des cambistes ou des préteurs a gage.

De leur points de vue, ils ont prêté 200$ et ont récupéré 300$ avec 50% d’intérêt. Du point de vue de celui qui emprunte, il est réduit à la pauvreté avec le temps, il devient incapable de soutenir sa famille car son salaire est ponctionné par le cambiste. Une dame travaillant dans le système des Nations Unies était tellement harcelée par ces préteurs a gage qu’on avait fini par l’évacuer et elle en est morte dans son pays. Elle empruntait de l’argent dont les intérêts augmentaient parce qu’elle ne payait pas. Un prêtre a dû être exfiltré pour sa survie car il était aussi harcelé par les préteurs à gage. Enfin, il y a des personne qui ont fait des AVC à cause de ses préteurs a gage.
Pour ces préteurs, l’argent prêté produit de l’argent, mais le processus de la production de la valeur ajoutée se fait dans des rapports sociaux où les gens y laissent parfois leur santé physique et mentale. Mais, tout ce processus est occulté, opacifié par l’argent fétiche qui semble s’autonomiser.
En définitive, on aboutit à une autonomisation progressive de la valeur et opacification des rapports sociaux.
La valeur est capable de s’accroitre , mais elle ne le fait qu’à la suite de la consommation productive et la force de travail. Ceci est souvent occulté comme le stipule Marx dans la section 4 du livre 1 du Capital.

Le fétichisme de la valeur dans le profit

Il y a une intensité de travail, une domination qui pèse sur le travail. Le capital s’approprie le travail vivant et il le matérialise dans le temps qui lui est propre. Le fétichisme consiste donc à créer l’illusion que la survaleur ne dépend que du capital. Dans le process de circulation l’illusion apparait de la manière la plus claire.

Le profit apparait comme simple excédent de la valeur qui a été réalisé au terme du procès de production et de circulation sur la valeur qui était dépensée. En réalité, le profit est le travail social non-payé.
Le capital avancé semble être le père unique du profit, de la valorisation. Il y a donc l’apparence d’autonomisation du capital. Il nous fait croire que quelle que soient les conditions concrètes le capital ne doit sa valorisation qu’a lui-même. Ceci est bien entendu faux. Il y a une rapport social qui produit de la plus value et qui est occulte.
Bref, la configuration du profit dissimule les noyaux internes qui sont la force de travail et l’exploitation du travailleur. Du rapport de production, le capital se transforme en une chose qui se comporte vis-à-vis de soi-même comme autonome. Le capital s’autonomise dans le profit de circulation.
Chez le banquier ou le cambiste, l’argent prend la capacite de produire l’argent. L’argent produisant l’argent sans aucun process qui serve d’intermédiaire du profit et de la plus-value. C’est la conception fétichiste qui donne une qualité secrète à l’argent de produire l’argent.


C. Les enjeux anthropologiques de l’UPN comme patrimoine non-lucratif

L’éducation nationale en République Démocratique du Congo est une propriété de l’État. Ce dernier a décidé que l’éducation nationale doit être non-lucrative. L’État ne prélève pas une ponction légitime de la valeur ajoutée dans l’éducation nationale car celle-ci ne produit que des valeurs non-marchandes, c’est-à-dire qui ne produisent pas immédiatement de l’argent.

Aux USA et au Royaume Uni, l’éducation est un patrimoine lucratif car les capitalistes tirent profit de l’éducation nationale avec des prêts aux étudiants qui les remboursent au terme de leurs études.
Le Congo a voulu léguer aux enseignants un outil de travail qui leur appartienne. L’État a donc cédé aux enseignants l’UPN comme outil de travail. Nous sommes donc propriétaires d’usage de cette institution. L’État en a confié la gestion à des enseignants qui jouissent de la propriété patrimoniale de l’outil. L’UPN nous appartient, les produits qui sortent de l’UPN portent notre marque de fabrique. Il est d’une violence anthropologique inouïe de voir nos anciens étudiants peupler les métiers de cambistes ou de motards ou des serveurs dans des pharmacies. Tous ces métiers ne sont pas mauvais en soi, mais ce n’est pas pour cela que nous avons formés ces jeunes gens.
Nous sommes donc en face d’une propriété patrimoniale non-lucrative. Nous possédons l’outil de travail. Nous ne sommes donc pas indifférents à la valeur que nous produisons qui est le miroir de ce que nous sommes.

Le capitaliste peut produire du cancer en boite, mais il s ‘en fout même si cela détruit les vies humaines pourvu que ça soit rentable. La rentabilité est le seul critère de jugement dans le capitalisme. L’UPN étant une propriété patrimoniale d’usage non-lucrative, il est impossible de ponctionner de la valeur ajoutée de ceux que nous y enseignons. Vendre des syllabus ou chercher des faveurs sexuelles reviendraient à rendre ce patrimoine d’usage lucratif. Le lucre serait l’argent obtenu par la vente des syllabus ou les faveurs sexuelles.

Il est au contraire impératif, à mon avis, de rendre notre outil de travail approprié pour faire de l’UPN une havre éducationnelle d’une grande beauté extérieure, munie d’une bibliothèque, analogique comme numérique, à la mesure de ce que nous désirons. Nous pouvons construire l’UPN non pas en prenant des crédits comme on l’a fait jusqu’à présent. Il suffit que nous nous organisions pour prélever nous-mêmes par des cotisations la partie de la valeur destinée à l’investissement afin de subventionner l ‘investissement par nos cotisations en lieu et place des crédits. Subventionner l’investissement peut se faire par une avance sur nos cotisations de la COGIt par exemple. Pour subventionner un investissement nouveau avec une nouvelle valeur que va générer une cotisation nouvelle en un temps T+1, puis une nouvelle cotisation qui génèrera de la valeur en T+2, etc. Cela nous permettra d’échapper au crédit.

Si on fait appel à un crédit bancaire comme on l’a fait, les crédits devront être obligatoirement remboursés et détermineront les rythmes que doivent prendre nos valeurs. Rembourser une dette vous met dans un harcèlement permanent. C’est un mode extrêmement violent de production. Les créditeurs deviennent de propriétaires indirects de l’outil de travail, du coup les enseignants n’auront plus la possibilité de décider de ce qu’on doit faire de l’UPN. Ainsi on perd la propriété patrimoniale d’usage en faveurs des charognards capitalistes et banquiers. La banque auprès de laquelle on a pris le crédit nous contrôle et nous maitrise.

En Conclusion, le conférencier a demandé à l’auditoir de retenir  que le patrimoine que l’État nous a confié comme propriétaires d’usage est-ce que Karl Marx appelle une réalité sociale qu’il définit comme une praxis, une autoproduction des hommes dans un rapport complexe (entre étudiants et enseignants, enseignants et administratifs, étudiants et le corp académique). Ces rapports sont contradictoires avec le produit que nous mettons sur le marché, avec nos œuvres et publications, et enfin avec nos pratiques..

Ces rapports sont contradictoires parce que cette production se déroule historiquement, c’est-à-dire c’est aujourd’hui dans l’histoire de l’UPN. Cette œuvre nous échappe quelque part car nous ne contrôlons pas ce qui se passent. Nous considérons nos propres jeunes comme des objets de profit. Il y a donc une aliénation fondamentale . Nous sommes devenus étrangers à ce que nous produisons. Bref, les résultats de l’activité combinées des hommes et de femmes à l’UPN leur échappent, ils n’en sont pas maitres. Le résultat de notre collaboration entre étudiants, enseignants, corps académique et administratif, nous échappe et nous écrase même et nous domine. Nous ne sommes plus maitres de notre propre production, c’est la recherche de l’argent auprès des étudiants qui nous domine et qui finit par nous maitriser.

Les conditions matérielles de notre propre existence que nous produisons à l’UPN dans le cadre du rapport éducatif sont devenues capitalistes et donc lucratives. Nous sommes tombés victimes de la valeur capitaliste.
La valeur est cette forme que prend le lien social lorsque les hommes ne nouent plus des rapports entre eux , mais ils les nouent par l’intermédiaire des échanges de leurs propres produits (les cours en classe) avec des autres humains qu’ils réifient comme objets de profits matériels ou sexuels

Rédaction :+243816440669,+243851211389

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