Le Mot du Weekend (21 Janvier 2023) La différence entre le salaire communiste et le revenu minimum de base. (Patience Kabamba)

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Le Mot du Weekend
(21 Janvier 2023)
La différence entre le salaire communiste et le revenu minimum de base.
(Patience Kabamba)

La question du salaire de $1500 pour tout congolais qui atteint l’âge de la majorité continue à faire couler beaucoup l’ancre. C’est bon car le débat et la contradiction nous permettent de nous sortir de nos ghettos mentaux et fertilisent nos intelligences. Cependant, les personnes qui vivent ou qui ont vécu en Occident confondent facilement le revenu de base payé aux chômeurs en Europe avec le salaire a vie dont nous parlons dans la reforme que nous proposons au Congo.
Le MDW de cette semaine montrera la grande différence qui existe entre les revenus de base distribués aux personnes victimes de la réduction d’emploi dans un système socialiste et l’architecture de salaire à vie que nous proposons.
Le socialisme est une doctrine qui consiste à vouloir donner au capitalisme un visage plus humain. Proudhon avait eu une discussion importante pendant la Première Internationale Socialiste avec Marx. A cette occasion, Proudhon avait écrit philosophie de la misère à laquelle Marx a répondu avec un livre intitulé , Misère de la Philosophie. Dans ce débat, Marx a montré à Proudhon que le véritable problème est la conception que Proudhon de l‘argent. Le capitalisme n’aura jamais un visage humain car l’argent n’est pas un objet qui nous sert d’échange ou pour acheter ce que nous n’avons pas. Non, l’argent est une relation, un rapport social, un rapport de domination. Le système socialiste, même dans sa version de Benoit Hamon, conserve le système de production capitaliste, mais comme il y a des personnes qui n’ont pas d’emplois dans ce système, il faut absolument leur donner un revenu de base pour leur survie. Et comme cela se fait en Belgique ou en France, c’est en procédant par une taxation progressive. Avec la taxe récoltée, on distribue le revenu de base à tous ceux que le marché a exclu. Bref, le revenu minimum de base tel que distribué en Occident demeure dans le mode de production capitaliste ou l’on cherche à venir en aide à ceux que le même capitalisme a exclu du marché de production.

Pour mieux comprendre l’originalité de la proposition salariale de 1500$ par personne majeure à la manière du droit de vote, il est important de comprendre qu’ elle touche tout le système macroéconomique capitaliste. Le capitalisme tel que nous le vivons aujourd’hui repose sur trois institutions et ce sont ces trois institutions macroéconomiques que notre proposition tient à transformer. Notre proposition porte un projet politique de sortie du capitalisme.
Les institutions capitalistes que nous comptons transformer pour atteindre le salaire à vie sont les trois suivantes:

1. La propriété lucrative:

La partie propriétaire des moyens de production décide de la production. Mais, en fait, elle ponctionne aussi une partie du produit des ouvriers. Ce qu’elle vous confisque, elle vous le prête avec intérêts. C’est exactement ainsi que fonctionne le fameux FMI ou la Banque Mondiale. Ils nous ponctionne une grande partie de notre production et nous prête une fraction de ce qu’ils nous volent pour rembourser avec intérêts.

2. Le marché de travail

Dans le système de production capitaliste dans lequel nous vivons, il existe des employeurs qui désignent qui travaillent et qui ne travaillent pas. Les propriétaires des moyens de productions choisissent qui va travailler et qui va rester au chômage. Ils désignent ce qui est valeur de ce qui ne l’est pas. La conséquence immédiate est que nous sommes tous réduits à devenir des demandeurs d’emploi. Nous nous présentons tous avec nos dossiers devant les Libanais, les Chinois ou les Indiens dans notre pays pour demander de l’emploi. Le capitalisme fait de nous des demandeurs d’emplois. Il décide lesquelles des nos activités répondent à leur définition du travail. La ménagère à la maison sera considérée comme ne travaillant pas. Pour travailler dans le capitalisme il faut avoir un employeur qui ponctionne une partie de votre production. Nous devons tous nous mettre comme demandeurs d’emploi devant les propriétaires des moyens de productions.

3. Le Crédit

Dans le système capitaliste, pour financer l’investissement , il faut emprunter à la banque et au final, Il faut rembourser l’emprunt avec intérêts. Le capitaliste ponctionne une partie de la valeur que nous produisons et nous l’emprunte. Les capitalistes nous font croire que nous ne pouvons pas financer l’investissement sans crédit bancaire. La création monétaire tombe dans le même mensonge. On ne peut créer la monnaie que par crédit.

L’alternative à ces institutions est exactement l’architecture qui porte la proposition du salaire à vie. Premièrement, dans notre lutte des classes nous supprimerons toute propriété lucrative en transformant tout travailleur en co-propriétaire d’usage de ses moyens de production. Les entreprises dont les travailleurs sont en même temps des actionnaires recevront des subsides de la caisse commune. Enfin la création monétaire et les investissements se feront par subvention de l’argent venant de la caisse commune (le trésor public transformé en caisse sociale des salaires et des investissements) . On investit sur un projet par subvention en temps T et la valeur produite en temps T+1 retournera dans la caisse en lieu et place de rembourser une dette à une banque avec des intérêts exorbitant. (A l’UPN, par exemple, on peut construire des bâtiments avec des subventions provenant de la COGIT)

Le salaire a vie n’est possible qu’à travers le changement de la propriété des entreprises , la suppression du crédit et de la propriété lucrative. Le salaire à vie consiste à exclure le salaire comme prix de la force de travail. De fait, les capitalistes nous définissent tous, non pas comme ceux qui construisent le monde, mais comme des mineurs économiques à qui l’on jette un peu de pouvoir d’achat. Le salaire à vie veut redire que nous sommes des producteurs des valeurs marchandes non monétaires; le salaire à vie exclu l’employeur et supprime par le fait même le marché d’emploi, on fait ce que l’on veut. Le salaire à vie délie (delink) le travail du pouvoir capitaliste. La plus grande idée serait donc qu’aucune entreprise ne payera ses travailleurs, elles verseront les salaires de leurs employeurs et leurs charges à la caisse générale, et c’est cette caisse qui payera les salaires et procèdera aux investissements.

Quelqu’un m’avait demandé d’où viendrait l’argent que l’on donnerait aux personnes à partir de leur 18 ans. Il y aura de la production des richesses par subvention et non par crédit. Nous ne rembourserons pas les dettes que l’on nous a fait contracte par le FMI ou la Banque Mondiale ou d’autres banques. Cet argent ira justement dans la caisse commune pour payer le salaire à vie et commencer les investissements par subvention.
La grande nouveauté est la socialisation complète de la valeur marchande et non-marchande produites dans le pays. En fait, comme on le voit avec le marché public, l’argent du contribuable sert à alimenter le capital. Notre proposition confronte de plein fouet le capitalisme. La révolution, c’est le changement du mode de production capitaliste pour un mode de production communiste qui remplace le profit par la cotisation dans des caisses communes qui seront démocratiquement gérées.
Notre proposition invite donc à amorcer la dynamique de remplacer le profit capitaliste par la cotisation sociale. Le recensement de la population va sans dire, évidemment pour maitriser les comptes et les nombres de personnes qui doivent bénéficier du salaire a vie.